La guerre Internet

De la survie de la Démocratie et de la Liberté d’Expression face aux nouveaux médias

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« Nihil nove sub sole » disait-on déjà dans la Rome Antique (Rien de neuf sous le soleil). En fait, ces médias sont techniquement nouveaux mais n’inventent rien réellement quant aux méthodes politiciennes ou des groupes de pression. Pourtant, la technique Internet permet d’amplifier une série de phénomènes déjà existants depuis bien longtemps.

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Un peu d’Histoire

 

Aux origines il y avait le clan avec sa hiérarchie et chacun avait un pouvoir en fonction de l’appréciation subjective du chef mais aussi de son utilité. Déjà, les premières pressions voient le jour avec des unions entre membres du clan contre d’autres mais le nombre d’acteurs et la rusticité de la vie rendent la situation peu variée.

Vient la tribu qui reprend plusieurs clans et bien vite se fonde la notion de « peuple ».

Déjà, certains, par diverses pratiques éprouvent le besoin d’utiliser les influences et les pressions que pour avoir un pouvoir au sein du groupe ou bien afin de bénéficier d’avantages personnels. Mais, leur culture étant très semblable, la variété reste faible et à part sur les sujets religieux, les crises graves sont rares.

Dès que des peuples se mettent à en dominer d’autres, la situation change radicalement car les droits des uns et des autres peut fortement varier et les premières unions opportunistes ainsi que les démarches d’ambassadeurs commencent à voir le jour.

C’est la religion qui lutte le plus efficacement contre tout cela car le dogme n’admet pas la contestation populaire et suis rarement les désirs et besoins du Peuple.

Tout ceci évoluera vers un système de caste : noble/bourgeois, citoyen libre, métèque ou esclave. Chacune des castes ayant son propre intérêt, commence alors les tractation, sabotages, … afin de défendre les intérêts des uns et des autres.

Entre temps, nous aurons quitté l’Antiquité et abordé le Moyen-Âge avec un développement des corporations ce qui donnera désormais Nobles, Bourgeois, Artisans, Habitants, Étrangers, Serfs ou Esclaves avec parfois une catégorie séparée pour l’une ou l’autre ethnie.

A partir de ce moment-là, les révoltes peuvent dégénérer en jacqueries, les sabotages populaires et grèves se multiplie et apparaît la notion de pétition et de dépôt de plainte en justice où l’on plaidera sa cause ce qui aboutira aux premiers partis politiques déjà connus de ma,ière embryonnaire chez les Grecs et les Romains.

Le XIXème siècle sera le tournant avec le développement galopant du syndicalisme qui avec la quasi disparition de l’esclavage offre désormais une représentation et une voix au plus grand nombre.

Le XXème siècle inventera les groupes de pression humanitaires inaugurés au XIXème siècle contre les guerres, dictatures et autres tout  en formalisant les modes de fonctionnement.

Actuellement, on observe une interaction Politiques/Acteurs Sociaux/Acteurs Économiques/État/Justice/Associations.
 
On pourrait dire en gros que chaque fois qu’un groupement devient institutionnalisé, se crée une nouvelle couche à partir de simples citoyens, cela n’aura donc probablement jamais de fin.

 

Dans nos sociétés, nous sommes censés être dans un régime démocratique et jouir d’une relative liberté d’expression mais qui devient cependant plus relative que réelle à cause de la complexité et des méthodes des différents groupes de pression (appelés lobby aux USA).

 

Qu’est-ce qu’un groupe de pression ?

 

C’est une association de gens, temporaire ou non,  ayant un but commun et qui vont partager leurs ressources pour atteindre ce but. En fait, il existe une infinité possible de groupes de pression et il n’est pas rare que des gens fassent partie de plusieurs d’entre eux voire soient alliés dans une configuration et opposés dans une autre. Il existe aussi une multitude de possibilités d’alliances opportunistes.

Ces groupes peuvent être liés à une religion, un parti politique, une entreprise, une corporation, une ethnie, …

 

Est-ce démocratique un groupe de pression ?

 

En fait, cela n’a absolument aucun rapport, ces groupes ne s’inquiètent pas d’image globale, ils sont focalisés sur un but ou sur une cause. Ils peuvent aussi bien se battre pour la Liberté que contre elle. Il s’agit juste de l’union sociale de personnes diverses mais qui ont une opinion ou un but en commun.

Le problème du groupe de pression, c’est quand son efficacité dépasse sa représentativité et qu’il peut amener à faire faire des choses qui n’ont plus l’assentiment du plus grand nombre mais bien seulement la majorité des gens motivés à s’exprimer sur une problématique.

Les groupes de pression peuvent donc facilement amener à des dérives surtout si ils arrivent à se transmuter en une instance de contrôle moral.

 

Est-ce que c’est moral de laisser agir un groupe de pression ?

 

Encore une fois, cela n’a rien à voir, le groupe de pression suit son but avec sa propre vision de la moralité comme il réunit des gens défendant des valeurs similaires, il leur semble bien entendu démocratique donc moral que de tout donner pour leur combat.

Ce qui est d’ailleurs la première erreur, la moralité est une question de valeur et chacun en a sa propre vision. Les groupes de pression permettent autant d’éviter la condamnation de la lapidation et de l’excision qu’ils n’ont permis la chute du régime de l’Apartheid ou la création de commissions d’enquête.

 

Qu’est-ce qui a changé avec les nouveaux médias et qui rendrait les lobbies plus dangereux ou plus puissants qu’avant ?

 

Dans le passé, on écrivait pour se plaindre, on signait des pétitions papier, on boycottait des produits, on manifestait, … Mais tout cela demandait une grosse logistique avec beaucoup de bénévoles mais aussi un besoin en ressources et en temps fort important.

Internet a tout changé, les pétitions se font en ligne, on pourrait presque automatiquement valider l’unicité du vote et de l’identité, la vitesse du courrier mène à l’instantané et l’information se diffuse beaucoup plus vite. Mais aussi le support de l’Internet est géré par des sociétés commerciales que les intérêts financiers et les risques de procès peuvent amener à de la prudence, de la frilosité voire carrément des attitudes de soumissions aux groupes les plus influents (un exemple récent en France avec le licenciement d’un cadre pour critique privée de la loi dite « Hadopi » en ce mois de mai 2009).

 

Quelles sont diable ces méthodes si expéditives ?

 

Les pétitions en ligne :

Redoutables d’efficacité, elles permettent, quand on a un beau réseau de rassembler des dizaines de milliers de signatures par jour et pour un budget parfois de zéro et quasiment sans besoin de bénévoles, de papier ou de compter les signatures. Cependant, quand il ne s’agit pas d’un système avec authentification, il permet de déclarer des centaines de personnes sans aucune difficulté non plus.

 

Le déni d’accès :

Ou aussi appelé « denial of service », il s’agit d’une méthode consistant à bloquer l’accès à des sites ou bien à empêcher l’usage du courrier électronique de sa cible.

Globalement, il s’agit de surcharger l’adversaire en amenant une série de gens à effectuer simultanément sur le site plus d’actions qu’il ne peut en supporter. Il peut s’agir d’une liste de personnes qui se conviennent de se connecter simultanément sur un site et à pousser la fonction de rafraîchissement jusqu’à saturation ou, plus simplement d’accéder à une simple page Internet développée pour l’occasion et qui génère des dizaines de connections simultanées vers la site avec une fonction de rafraîchissement automatisé.

Dans sa fonction mail, il s’agit simplement de surcharger certaines boîtes Email tant par la taille que par le nombre.

 

Les sites Internet des causes :

Ces sites permettent d’éditer des informations, de publier des conseils, de désigner des cibles mais aussi de mettre à disposition la réponse parfaite à chaque question. Ainsi quand vous désirez neutraliser une cible, publierez-vous son adresse sur le site de votre lobby et tout membre désireux de la faire plier va tenter de mettre à genou la cible. Les mails sont aussi une bonne arme, un bon réseau d’influence peut mettre en surcharge n’importe quel système Email en quelques heures. Ces sites permettent aussi de récolter rapidement l’argent pour la cause et d’optimiser le système de poursuites en justice.

 

Le marketing viral ou buzz:

Il s’agit de répandre une rumeur, vraie ou fausse, réaliste ou grossie voire caricaturée et donc de ruiner la réputation ou le travail d’autrui ou d’une organisation. Cette méthode reprend en squelette la même liste de diffusion que les pétitions sauf qu’il en s’agit là que de la base d’attaque, ceux-ci vont transmettre cette rumeur à tout leur carnet d’adresse et donc répandre votre attaque de manière exponentielle et via des gens dont vous n’avez même aucune connaissance. Souci : c’est inarrêtable une fois envoyé et, bien entendu la source de tout ceci est aisément indentifiable dans le réseau, encore faut-il que l’origine de cette source ne soit pas une petite île offshore n’ayant signé aucun traité international. Auquel cas, légalement, rien n’est possible.

 

Le vrai faux ou le faux vrai:

C’est une technique consistant à noyer dans une série d’évidences ou de choses tout à fait démontrables quelques détails discordants, puis de s’ancrer sur ces détails et ayant mis le public en confiance de petit à petit dériver et de mettre au même niveau que ces évidences des éléments beaucoup plus discutables. Les référence plus ou moins bidons ou des références circulaires (références entre sites de pression qui s’épaulent afin de se référencer les uns les autres) voire carrément des références qui ne contiennent pas les éléments cités ou qui démontrent l’inverse, partant du principe que 90% des gens ne vérifient pas les sources mais au mieux leur présence.

La poursuite judiciaire avec publicité même de manière abusive:

Les poursuites judiciaires n’ont rien de neuf en ce qui concerne le harcèlement d’une personne ou d’une organisation, ce qui est neuf ici, c’est l’extrême publicité qui en est faite. Le but est double, neutraliser un opposant dans les procédures que vous sabotez et ralentissez autant que ce peut, surtout si vous vous savez en tort, mais aussi d’inspirer craintes et terreur à toute personne qui pourrait oser se mesurer à vous. Bien géré, un harcèlement judiciaire peut dépasser 10 ans avec tous les appels et autres manœuvres.
 
 

Les chiens de garde virtuels:

Ce sont des groupes de personnes qui forment une milice Internet, ils tournent sur tous les sites et fora en compulsant tout ce qui a rapport à la cause. Soit ils déposent systématiquement des copier/coller des théories validées par leur groupe, soit ils rapportent les cibles à abattre et agissent aussi en collant des abus à toute personne qui n’est pas de leur opnion. Or, dans nos sytèmes automatisés, même si vous n’avez rien fait de mal, si plus de X personnes se plaignent de vous, vous êtes condamné à l’effacement de votre texte, la suspension de votre compte voire même la radiation de votre connection Internet dans les cas les plus extrêmes.
 
 

Les identités multiples:

Il s’agit simplement du fait que des personnes profitent de l’actuel flou du virtuel pour se créer plusieurs identités avec autant d’adresses Email, de sites, …  Donc, lors d’une attaque, ils vont faire comme dans les jeux de stratégie, gérer plusieurs personnages de manière tout à fait autonome et en suivant des stratégies précises. Ainsi, dans certaines situations, vous auriez l’impression de générer un tollé important d’une centaine de personne alors que dans la réalité, tout ceci n’est géré que par une demi-douzaine de personnes réelles.
 
 
 

Être LA source de l’information:

Ces groupes peuvent gérer une nébuleuse de sites Internet et de blogs qui n’ont pas nécessairement de rapports visibles entre eux. De cette manière, en publiant de manière coordonnée une même information et en travaillant leur ranking Internet (classification de qualité), ils peuvent fort bien devenir les références dans certaines matières et donc contrôler ce qui s’écrit dans la presse classique ou se dit dans les meeting politiques. En effet, de nos jours, journalistes, politiques, chercheurs, … s’abreuvent essentiellement d’informations via l’Internet en faisant confiance à des notations virtuelles. Si des groupes arrivent à contourner les calculs de qualités en s’épaulant les uns les autres ou en disposant d’appuis au sein des organismes qui calculent ces « ranking« , ceci leur permet de figurer en haut des résultats de recherche sur ces sujets mais aussi d’afficher des indices de confiance élevés et donc d’être systématiquement repris et recopiés dans les travaux de recherches, articles ou notes de synthèse.
 
 

L’usage d’experts:

Ces gens, réellement experts ou non, volontaires ou non peuvent servir de caution morale au contenu du message. Pouvoir faire figurer dans ses références des gens connus ou ayant les diplômes de haut niveau est également un méthode dite de « l’argument d’autorité« .
 

Conclusion

 
Comme vous pouvez le constater, ces méthodes sont amorales car c’est la cause qui leur donne leur morale pas les systèmes. Cependant, vu le développement du communautaire, vu la frilosité des politiques et des entreprises de communication, ces groupes qui n’ont cure ni du faux, ni du vrai mais seulement de la victoire, disposent d’un importance ascendant dans la mesure où ils ne craignent pas grand’chose car la majorité de tout ceci est parfaitement légal tant que vous respectez une certaine mesure. Ces méthodes qui ont été utilisées avec succès contre les dictatures et les monopoles sont à présent utilisées en démocratie pour défendre des intérêts exclusifs et, à la limite, il devient de plus en plus difficile de s’exprimer si on ne représente pas une minorité organisée, à tel point que nous finissons par être menés par les minorités ce qui est bien entendu absurde.
En réalité, ce qui est surtout effrayant ici, c’est la banalisation de certains actes qui deviennent d’une aisance à effectuer alors que leur démultiplication peut entraîner des effets tout à fait disproportionnés car, dans ce cas, ce n’est ni le plus grand groupe, ni celui qui est le plus éthique, ni le plus raisonnable, … qui va gagner mais uniquement celui qui communique le mieux.
On peut également observer que le nombre de personne pour mener un combat virtuel semble moins important que leurs compétences et leurs entrées.
  Il me semble permis de me demander si l’extension de toutes ces pratiques et techniques ne vont pas finir par tellement devenir efficace que nous serons dirigés de force par quelques groupes bien placés.

Quelques exemples :

 

Une personne semble condamnée à tort et des pétitions voire manifestations s’organisent pour exiger un nouveau procès, une grâce ou une libération. Le dossier d’instruction est diffusé sur Internet et tous les protagonistes de l’affaire livrés en pâture au public. A tort ou à raison, il s’agit bien ici de pressions et des gens qui étaient normalement couvert par le secret ou l’anonymat doivent faire face dans leur quotidien à toute cette tension voire des attaques. On fait même pression sur le ministère de la justice en perturbant tout leur système Email, les auteurs sont si nombreux que les poursuites ne sont pas matériellement possibles.

  Un pays désire entrer en guerre contre un autre, il s’arrange pour faire envoyer des crasses sur lui-même à partir de ce même pays, joue à l’offensé et génère lui-même l’escalade qui lui offre alors l’excuse de partir en guerre en étant l’offensé. Il peut aussi se servir d’Internet pour diffuser de fausses informations via des gens à sa solde mais bien cotés sur le Net en tant que référence. Ainsi aura-t-il toutes les apparences de la légitimité.
 
Un Loi a été votée et vous semble scandaleuse, vous usez de tous les outils modernes pour informer vos concitoyens de l’existence de cette Loi mais aussi des ses implications et origines. Si vous jouez bien, vous pourrez rapidement avoir le soutient de dizaine de milliers de personnes et une fois ce niveau, la presse classique risque fort de s’emparer de l’affaire et si vous avez soulevé un lièvre, vous pourriez bien obtenir l’abrogation de cette Loi. Cette méthode est cependant plus efficace avant le vote de cette Loi.
 
           

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